Sylvia bonjour,
Salut,
Avant de faire plus ample connaissance, voire connaissance tout court, puis-je te proposer un marché tout ce qu'il y a d'honnête : ‘Echangerais joli livre rose tout neuf relatant des aventures Londoniennes dont tu es l’héritière directe, contre joli album rose aussi, intitulé ‘doesn’t sing Christmas’. Ca marche ?
I AM A MEMORY
1) Il existe un contraste très nettement marqué entre l’image de la pochette de l’album, et ces photos d’usines rutilantes pas encore désaffectées. Est ce que cela signifie que quelque part, il existe 2 Sylvia Hanschneckenbühl ?
Mais il y en a au moins 8 ! Huit Sylvia, comme ça y en aura pour tout le monde !
Non, honnêtement je ne pense pas qu’il y ait tant de différence entre mes photos (d’usines désaffectées d’ailleurs), mes dessins ou ma musique. Si tu y fais gaffe, tu leur trouveras plein de choses en commun.
Par contre, je suis quelqu’un qui aime le contraste. Et la surprise. Je supporte mal la monotonie. Alors du coup, ça ne me dit trop rien de faire tout le temps la même photo, ou 12 fois le même titre sur un disque…
2) Peux tu nous expliquer comment tout cela a commencé ?
« Tout cela » c’est un peu vaste, non ?
3) Penses-tu que la Stephanie Says need for No one, soit une thérapie suffisante pour entrevoir (enfin) le moindre soupçon de solution à cette époque où les fossés se creusent définitivement, ou est-ce qu’il va falloir aller beaucoup plus loin pour faire comprendre à l’establishment invisible que la bouffonnerie a suffisamment duré ?
Je ne veux pas trouver de solutions aux problèmes de cette époque ; je laisse ça à Manu Chao.
Va falloir arrêter immédiatement de croire qu’on peut changer le monde avec une chanson.
4) As tu l’impression ‘qu’il se passe quelque chose’, de faire partie d’une génération de musiciens avec une âme (une sorte de ‘mouvement’), techniquement irréprochable, au talent incontestable, mais sans but, ou au contraire ton discours volontairement sarcastique est-il un message de fun et d’espoir ?
J’ai surtout l’impression qu’une tripotée de vieux nostalgiques veut à tout prix qu’il « se passe quelque chose », et inventent des « nouvelles scènes chépaquoi que c’est comme en 76 mon pote ». J’évolue assez dans la fameuse « scène rock parisienne », quoi que cela veuille dire, et tout ce que j’y vois ce sont des jeunes gens bien habillés qui se trouvent très beaux, aiment bien qu’on les regarde, affichent une culture musicale et un bon goût irréprochable, aiment boire un coup et tirer de jeunes gonzesses lookées sixties, robes Op Art, talons hauts et tout le tremblement. Certains de ces gens sont bons musiciens. Il y en a même un ou deux qui font de bonnes chansons. Bien jouées, avec de bonnes influences. Par contre pour ce qui est de « l’âme » comme tu dis, va falloir aller la chercher loin. Ces gens ne cherchent pas à avoir une « âme », ils veulent juste être connus et passer du bon temps, bon Dieu, une « âme », et puis quoi encore ? Personne ne leur a jamais dit qu’il y avait quelque chose, au-delà des apparences.
Personnellement, je refuse de faire partie d’une « scène », ou de « coller à l’air du temps », ou je ne sais quelle connerie. Quand quelqu’un essaye de sonner « actuel », tu remarques que quelques années plus tard, son disque a mal vieilli. Bah, voilà ce qui arrive quand on est un blaireau de suiveur de modes…
30th MON CUL !
5) Peux tu expliquer aux lecteurs de l'Illustration Musicale comment tu fonctionnes ?L’album, la scène … et ce que tu attends de tout cela.
Eh bien. Après plusieurs années à jouer de la basse ou de la guitare dans des groupes qui me permettaient plus ou moins de m’épanouir, et à composer des chansons dans mon coin, j’ai eu envie d’enregistrer un album toute seule. Un ami ingé-son a fait le boulot d’enregistrement, et comme je ne sais pas jouer de la batterie, deux potes batteurs sont venus jouer sur le disque. Pour le reste, j’ai tout fait moi-même. Ecrit, composé et interprété les chansons. Je n’ai pas cherché de label. J’ai fait presser le disque, et j’en assure (très mal) la promo.
La scène… Ah ! Là là, la scène me manque. Ben oui parce que, je n’ai pas de groupe. Et donc pas de concerts. Refusant absolument l’idée de recruter des musiciens genre « backing band - je fais ma chanteuse je me la pète star et regardez tous comme je suis belle-, je laisse faire les choses, j’attends de tomber sur les bonnes personnes, rencontrer des gens avec qui j’aurai envie de jouer. Etre dans un groupe c’est très compliqué, humainement et musicalement. Alors je ne force pas les choses, on verra bien. Et puis, mon album est trop intimiste pour être efficace sur scène… Les ballades sont toujours ennuyeuses en concert. J’aimerais remonter sur scène avec un groupe de rock, violent, qui joue fort.
Euh oui sinon, puisque tu me le proposes si gentiment, je veux bien ton livre oui, volontiers !
A bientôt,
Sylvie
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à bientôt... c'est à dire tout de suite; le disque donc :
ambiance du faux acidulé, tout comme j'aime à petites doses... dans l'accumulation des répétitions actuelles, voilà du neuf que j'me suis dit à l'époque.
Et pourtant, tout ce son ne puisait pas en territoires inconnus, de loin s'en faut. Ici, les références, je ne m'en sens pas le courage de les citer toutes, et que signifie le dessin de la pochette et patatipatala...
Ca commence fluet, une intro dans la nouvelle ville, en d'autres temps dans une nouvelle rose, après tout, est nouveau qui peut. J'avais percuté sur 17.30 Underground quand le serveur musical / social MySpace signifiait encore quelque chose. Un hit en puissance m'étais-je dit, il me fallait désormais recevoir le disque.
Utilisant un statagème digne de Caligula, je me le procurais sans bourse délier. Ce qui ne signifie rien : je n'aime pas la soupe fade, et monnaie sonnante ou trébuchante ou pas, quand c'est bon pour le Nègre, je désintègre.
L'affaire se joue en deux temps : les titres magnifiques (tous à partir du second) déroulaient, mais je connaissais (forcément à force de les passer en boucle...) et ce jusqu'à Salt & Wine inclus. Fin de premier acte, il n'y a pas que le convoi qui est exceptionnel là-dedans.
La seconde mi-temps (le début de la faceB du vinyle fictif en fait) attaque par ce que j'ai entendu de mieux depuis des années. Nationale 3 a un côté Wire indiscutable, rapide, le titre est joué sur plusieurs vagues sonores successives. Elles s'empilent pour atteindre un break qui glisse comme l'huile sur ... 'ha ha' féminine en toile de fond... personne n'est concerné, entend-on ... ha bon ? Remember Me Remember Me... on touche au sublime.
La suite rappelera à l'auditeur que Sylvia sait aussi se montrer sentimentale.
Personne pour signer ça ? Comme le quatrième Velvet en fait.
Copyright L'Illustration Musicale - Sylvia Hanschneckenbühl / Editions Robe à Fleurs - Février 2011
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