samedi 12 mai 2012

Brigade Internationale - Cécile Balladino Interview



Regard Extrême


REGARD EXTREME












8 mai 2012

Curieux accouchement que ce second Brigade... Une autre approche que la K7 Wallenberg, des textes et une mise en page réalisés fin 2010 (voire, bien avant - Philippe KAyzer) et un disque repoussé, repoussé ... jusqu'à la rupture. Et à partir de ce moment, tout va très vite : en quelques heures l'album est disponible sur le net, et là, c'est bien clair : ce sont eux. C'est du direct.

Brigade n'est pas un groupe facile d'accès (j'ai eu beaucoup de mal à m'y faire...), mais quand on est dedans depuis longtemps, c'est de la Magie immédiate.

Et alors, ces 7 inédits... somptueux ! Y'a pas, c'est un nouvel album.




Cécile, peux-tu raconter pour les lecteurs de l'Illustration Musicale l'arrivée de ce 2ème opus qui succède finalement assez rapidement au premier, puisqu'il n'aura fallu attendre que 29 ans pour pouvoir l'apprécier ?

Oh, c'est difficile. Et une longue histoire... avec l'arrivée d'internet je me suis rendu compte que BI avait touché plus de gens que je ne l'imaginais, pour moi ce n' était qu' une aventure de jeunesse. Quelque chose qui est né pendant mes années lycées. A l' époque on s'est fait plaisir avec ce groupe, il y a eu cette K7, très peu de concerts et c' était avant tout une histoire d' amitié...
J' avais quasiment oublié cet épisode de ma vie qui a été finalement assez bref, je suis passée en une journée de BI a MGR et me suis consacrée à d'autres choses aussi.

C' est en 2001, (découverte internet) que des gens m'ont contactée au sujet du groupe, j'en ai été la première étonnée. J'étais à ce moment là chef d'entreprise et je n' y ai pas plus prêté attention que ça. La musique faisait toujours partie de ma vie mais plus en tant que musicienne, j'en écoutais, c'est tout... Et surtout pas de coldwave, je n' ai jamais aimé ça...

Pour se faire (écouter de la musique) je me suis inscrite sur myspace sur 'invitation' de Jérôme (MGR). Je recevais autant, sinon plus, de messages au sujet de BI que de MGR, mais je ne me sentais pas, ou plutôt plus, concernée...

J'ai été contactée par Markos (Eirkti) qui m'a suggéré de rééditer la fameuse K7 sur support vynile. L' idée m'a séduite et j' ai accepté.
Dans le même temps, j' ai été contactée par Alex d'Insfrastition qui avait déjà sorti les rééditions, MGR mais les choses ne se sont pas passées tel que je l'aurais aimé. C'est pourquoi nous avons décidé d'agir autrement, plus en accord avec l'esprit original du groupe.

Celui qui m' a convaincue de ressortir ces bandes oubliées au fond d'une malle, c' est Toi. Mais ça, tu le sais aussi bien que moi...



Moi



Je suis assez surpris dans la mesure où (bon, c’est un avis personnel), ce second disque est supérieur à la K7 Wallenberg (‘Faithfull Night’ surtout, ‘Eye on the Volcano’ est assez extraordinaire également….). Est-ce à dire que ces titres n’existaient pas lors de la publication de la K7, où est-ce que cela a fait l’objet de choix ? Dans qu’elles conditions la K7 a t-elle été montée ?


Ces titres n' existaient pas au moment de la sortie de la K7, au moins pas sur support enregistré, ce sont pour la plupart des lives, des cessions de repets ou d' autres titres enregistrés avec celui qui est devenu notre batteur par la suite: Gilbert Correy, par l'intermédiaire de qui j'ai rencontré Jérôme et Daniel lors du dernier concert de BI...

Daniel


La K7, je n' en ai plus trop de souvenirs, moi lycéenne à Vernon, Olivier étudiant en médecine à Rouen, et Bruno futur instituteur et en fac à Paris, on était complètement hors du système...On ne connaissait personne dans le milieu de la musique et on ne cherchait pas à rencontrer quiconque: ce n' était pas notre monde.

Notre monde c'était celui des repets le samedi après midi dans le sous sol de la maison des parents d'Olivier, les diners chez Bruno le samedi soir et la vie étudiante.
On allait à des concerts bien sûr, surtout moi d'ailleurs. Je fréquentais beaucoup l'Exo7. Je me souviens de quelques concerts vu à Paris tous les 3, mais c'était toute une expédition... Ils étaient rares. La faune des concerts parisiens nous faisait beaucoup rire, nos plus grands fous rires ont été pendant des concerts...je me rappelle d'avoir vu New Order ou les Cocteau Twins (les trucs de l'époque) aux Bains Douches et d'un énorme fou rire... Les gens nous jetaient des regards noirs...

Pas notre monde, je le répète.

Midge



J'ai rencontré Midge Feld, je ne sais plus comment, et je le regrette, et nous nous sommes tout de suite très bien entendus. Il était à part lui aussi. C' est lui qui m a dit 'votre truc est extraordinaire, il faut le sortir en K7: je m' en occupe'.
Pour nous c' était le graal, on n' aurait jamais imaginé qu'un truc pareil puisse se faire, on ne jouait pas pour ça de toute façon...on n' a jamais pensé faire de la musique notre 'métier', c'était une passion tout simplement.

J' ai encore quelque part un petit mot de Midge qui m' écrivait 'ça va marcher' et ça a marché.
Il ne faut pas oublier le contexte de l' époque, on discutait par courrier manuscrits par exemple...

La K7, c'était quelque chose d'énorme, c'était aussi le début des 'radios libres'...
Il faut garder à l'esprit les 3 étudiants provinciaux, ce qui s'est passé par la suite a été extraordinaire, car complètement inattendu. tout se décidait très vite...

Cette K7, je ne me souviens plus trop des détails techniques : on avait improvisé un studio chez un copain je crois, ça faisait truc sérieux, on n' était pas habitués à ça...Puis Midge s'est occupé de tout. Je me souviens que ça (la fabrication de la k7) se passait vers la rue Monge, je n'y suis jamais allée, ni les autres d'ailleurs. ça ne nous intéressait pas. Je voyais Midge régulièrement chez lui, il me montrait les trucs, me les faisait écouter, et c'est tout.
Les autres titres existaient sur K7, je n'aurais jamais imaginé que ça puisse intéresser quelqu'un!

Vraiment une autre époque!


PulloverHole


Après la remise en selle de la page MySpace et son nombre considérable de visites pour un groupe qui a disparu depuis 30 ans, est ce que l’on peut dire que c’est cet intérêt toujours marqué pour la musique du groupe qui t’a décidé à sortir ces bandes inédites ?


Oui, les messages reçus aussi. Les discutions avec Toi évidemment... Je n'aurais jamais pensé à faire ça de moi même, les autres membres du groupe encore moins...



Il semblerait qu’il y ait eu un problème avec le label Infrastition, peux-tu évoquer cela ?

Cécile BI



Un problème?
non!

Une succession de problèmes!


Ca a commencé avec la réédition MGR dont je ne me suis pas occupée, j'avais donné mon autorisation à l'époque sans plus me formaliser, vu la façon dont ça m'avait été présenté, je pensais à un message de fan aux projets nébuleux... J' étais prise par d'autres choses beaucoup plus importantes et je n'ai pas suivi l'affaire. Un jour on m'averti qu' il y a une réédition de MGR, première nouvelle, il s'était passé tellement de temps depuis ce mail...
Je contacte le label pour avoir des explications: pas de réponse...
c' est au bout de plusieurs semaines et après avoir parlé de contacter mon avocat qu'il m'a répondu que j'avais donné mon autorisation, ce qui était vrai, mais j' avais complétement oublié... Je ne sais pas quand est sortie cette réédition, j' ai fini par obtenir quelques exemplaires pendant l été 2009, je crois.

Ils étaient sous blister, j' ai ouvert et vite refermé...les pochettes ne m'ont pas envie d' aller plus loin. De toute façon la musique je la connais...
Quelques temps après, j'ai offert les deux volumes (toujours sous blister) à un ami et il m' appelle le lendemain me disant que ma blague était bien bonne mais que les CD sans musique dessus ça l’intéressait moyennement!

Je n'ai rien compris et je me suis rendue chez lui pour écouter voir ce dont il s 'agissait. En effet les cd étaient bien estampillés MGR mais il n' y avait rien dessus. On a écouté tous les CD et là, c' était le grand n' importe quoi: il y avait même de la musique de bal portugaise sur quelques disques. Je les ai gardés; c' est collector!
J'en ai parlé à Jérôme qui a confirmé ce que je soupçonnait, le 'label' ne se préoccupait pas des groupes. Des nouvelles après la sortie des rééditions, il n'en a jamais eu. Des chiffres? encore moins... J'ai posé la question, j' ai reçu une vague réponse. Un chiffre bien maigre, il a répondu on en a vendu 500, je crois... Même pas capable de donner un chiffre exact... Ceci explique, je pense, pourquoi Jérôme a continué avec un autre label par la suite, il faudrait lui poser la question.

JA


Tout ceci explique pourquoi je trainais beaucoup des pieds à cette idée de réédition chez Infrastition. Les discutions avec les autres groupes aussi...
Autant tout avait été clair, précis, et fait avec passion avec Eirkti, autant là c'était l' inverse... Je passe les détails, mais les CD remixés n' étaient jamais les bons, la pochette idem, beaucoup d'envois, pour peu de résultats intéressants...

J'ai trainé aussi, car je ne sentais vraiment pas cette histoire...


La goutte d'eau qui a fait déborder le vase, ça a été le dernier envoi de la maquette de pochette qui n'avait toujours pas respecté nos instructions, avec une réponse 24 heures plus tard, et encore le même disque 'je suis désolé, c'est une erreur etc...'

Mais notre décision était prise!

J'ai regardé les différentes productions du label, elles sont nombreuses, et je n' y retrouve pas l'esprit de l' époque...Je n'avais pas envie de ça.

Bien entendu il n'a jamais été question de contrat, même pas d'une somme symbolique: tout pour le label comme si c'était une évidence. Je n'ai jamais vu ça...

Nous en avons eu un en bonne et due forme chez Eirkti et quand on connait les difficultés que traverse la Grèce, c'est d' autant plus remarquable...

Alors pourquoi offrir des bandes à un label qui ne respecte pas les groupes, autant les mettre en écoute gratuitement sur le net: ça correspond plus à notre état d' esprit. Je suis ravie que ça se passe comme ça et juste désolée pour ceux qui espéraient un support CD. J'espère qu' après avoir lu ces mots ils nous comprendront..


Donc, si j’ai bien compris, les temps changent mais les méthodes restent les mêmes : j’en avais discuté avec Ed Banger, le leader de Nosebleeds en 78 à Londres après le split de son groupe (Rabid n’a jamais versé une royaltie au band alors que le 45 tours s’est vendu à plus de 10 000 exemplaires quand même) et qu’il ne pouvait plus vivre.

Nosebleeds

Objectif, une accumulation de noms dans un style donné, et hop, que je te compile ça n’importe comment (parfois avec juste une nouvelle image….), titres dans le désordre, mélanges des différentes périodes dans la carrière des musiciens (fusillant au passage ‘l’esprit’), mais ça ne fait rien, tant que ça rentre… As-tu ce sentiment ?
Pourquoi est-ce que personne n’en parle jamais de ça ? Le grand n’importe quoi, ça a quand même certaines limites, non ?


Oui c' est exactement ça...
Pourquoi les groupes ne parlent jamais de ça? Mais nous en parlons entre nous...
arf, je bois un coca, ça donne soif...

Les groupes n'en parlent pas par pudeur je pense...et aussi c'est certainement pour eux la solution la moins pire. Pour ma part, je m'en moque, j' ai une autre vie maintenant, et la page musicienne est définitivement tournée, et ce depuis longtemps... Un disque de plus ou de moins, ça ne changera absolument rien à ma vie. Ce qui est important à mes yeux c' est d'avoir vécu ces aventures de l'intérieur, pas le support matériel, et ça: personne ne pourra me le voler.

Quoi que les autres en pensent ou en disent, je m'en moque: ce milieu n' a jamais été le notre. Aussi bien pour BI que pour MGR...

Le grand n'importe quoi à ses limites: oui, dans tous les domaines! Le cas Ed Banger c'est un parmi tant d'autres: ces musiciens je les respecte.
Même Iggy Pop a parlé de ses problèmes avec les labels il y a quelques jours...

Iggy Pop: "Tout ce qu'une maison de disque a fait pour moi, c'est m'humilier"

Iggy


Je ne prends pas pour IP attention là, mais ça illustre bien tout ce que je pense de cela...






Bruno

Es-tu restée en bons termes avec Olivier et Bruno ?
Que sont-ils devenus ?


Je n'ai quasiment pas revu Bruno et Olivier depuis la fin du groupe, j'ai enchainé directement avec MGR et déménagé. On s'est revu à un concert de MGR à Rouen brièvement, puis j' ai du passer un moment avec Bruno au début des années 90 à Vernon, en sortant d'un train. Il m' a offert un disque auquel je tenais particulièrement. Bruno est maitre des écoles tout près de chez moi, on s'est parlé au téléphone il y a un an ou deux. C' était comme si c'était hier. Ses enfants ont hérité de son gout pour la musique et jouent dans un groupe. Je crois même qu'il participe...

Olivier est médecin dans le Perche je crois. Je pense qu'il a totalement tourné la page. Fait très troublant, il a cherché à me contacter juste le jour où la décision de mettre ces enregistrements a été prise. Comme quoi les liens entre musiciens d'un même groupe ne se brisent jamais: c' est tellement fort. Cette aventure a ceci de positif qu' elle nous a rapprochés.

Nos chemins se sont séparés il y a longtemps, mais nous ne sommes pas fâchés, quand à une réunion ambiance anciens combattants, je ne sais pas si c'est mon truc...
Tiens, ça me fait penser que je dois un restaurant à Jérôme pour ses 50 ans, la dernière fois où on s'est vus, c'était pour mes trente ans!

Ca sent la fin de vie ce genre de retrouvailles, hors je suis à l'aube d'une nouvelle vie en ce moment: contraste!


Olivier



Dans le livret, tu évoques l’historique du groupe et les évènements marquant de sa brève carrière. J’aimerais en savoir un peu plus sur les rapports humains qui régnaient au sein du gang. On dit que c’est très compliqué, un groupe, était-ce le cas ici ?


Je n'ai que deux expériences de groupes, et j'ai aussi fréquenté pas mal d'autres groupes d'assez près. C'est vrai que ça peut être compliqué, surtout quand ça commence à marcher, il faut savoir mettre ses egos de côtés au profit du groupe.
Je n' ai pas vécu cela avec BI, les rapports étaient excellents, je n'ai que des bons souvenirs. C' était vraiment une histoire d'amitiés étudiantes et on ne se prenait pas du tout au sérieux. Tout ce qui nous arrivait n'était que de bonus, de l'inattendu de l'inespéré...On vivait dans l'instant, et l'époque était joyeuse et insouciante...
Je ne me souviens pas d' une seule engueulade ou conflit...
On ne buvait pas du tout d'alcool, ça aide aussi. Vraiment le souvenir global que j' en ai c'est qu'on s'amusait beaucoup, même si ça ne se voit pas forcément sur les photos. Je vais peut être me répéter mais on ne se prenait vraiment pas au sérieux...
Je pense qu'on était plus impressionnés par les fans qui venaient nous parler qu'il ne l'étaient eux mêmes...

Un musicien c'est un être complexe bien souvent: capable de monter sur scène sans retenue ni appréhension mais aussi réservé et timide dans la vie quotidienne. La plupart de ceux que je connais sont ainsi...

Mais je m'égare: non ce n' était pas compliqué du tout. J'en garde un souvenir très positif; on était assez naïfs et innocents aussi, musicalement parlant...


Brigade Flyer


J’avais évoqué avec Alan Lee Shaw dans ces colonnes, le fameux album manquant des Maniacs. On a le sentiment que le temps ne compte pas, et qu’il suffirait de brancher à nouveau une guitare et hop, tout repart. Lou Reed l’avait dit aussi lors de la brève reformation du Velvet, ‘on est reparti là où on s’était arrêté’. Que ce soit pour Brigade ou MGR, j’aimerais ton sentiment là-dessus.

Je n' ai pas du tout ce sentiment, ça rejoint ce que je disais tout à l'heure. les reformations de groupes ne me font pas rêver, la magie de l' instant, de l'époque a disparu... Si mes deux groupes se sont séparés, c'est qu' il y avait des raisons, je m'exprime sous d' autres formes j'ai fait ça toute ma vie, en public ou en privé... La musique est l'expression d'une certaine créativité, de sentiments, mais il y a d' autres manières de les communiquer. Je préfère privilégier un certain Art de vivre. ça peut se trouver sous différentes formes. et en rebranchant un clavier, j' aurais l' impression de régresser... Malgré 17 ans de piano classique, je ne suis pas une grande musicienne, j'ai d'autres choses à vivre: la vie est courte. Je pense avoir fait le tour de la question musique.

Sans regrets, ni amertume.

Je crois que je ne suis pas une nostalgique dans l'âme...

On m'a souvent dit que j'étais une romantique, ça me faisait hurler, mais je crois que ce n'est pas faux...




C5



Brigade semble avoir ‘marqué’ à vie un bon nombre de personnes. Un truc très primal, qui s’incruste. Quand tu créé, quelle est ta démarche ? Une longue gestation ou plutôt des éclairs qu’il faut réaliser très vite, dans un souci de percussion ? Les idées te viennent comment ?
Travailles-tu aujourd’hui de la même façon qu’il y a 30 ans ?



Je ne sais pas comment les idées me viennent, j' en ai en permanence... plusieurs par jours bien souvent. il est difficile de répondre à cette question correctement. Je pense être toujours la même qu'il y a trente ans au fond, l'expérience en plus. Je me suis ouverte aux autres aussi. ça c'est une des grandes réussites de ma vie, peut être ma plus grande. Car, ce n' était pas gagné au départ...

Je suis à la fois cérébrale et manuelle ce qui est parfois compliqué à gérer. Je réfléchis très longuement et j'agis très vite en général. Mes meilleures idées sont celles qui apparaissent comme ça, comme par enchantement. Dans ces cas là j' aimerais avoir une baguette magique pour qu' elles se réalisent tout de suite. Je suis très perfectionniste, à la limite de la maniaquerie, chaque détail compte et ce que je trouve intéressant c'est qu'il ne faut pas que ça se voie. Ce que je fais peut paraitre évident au premier abord, mais il y a plusieurs lectures pour un œil averti. Je n'aime pas le laborieux. Pour en revenir à la musique, rien ne m' ennuie plus qu' un solo de batterie qui sent les heures de travail. Le mot primal est très important, je n'y aurais pas pensé, mais il est très juste.

Il y a dans ma démarche quelque chose de presque physique, sensuel aussi. C'est difficile à exprimer...



As-tu la sensation que la création est en berne, et en particulier la création musicale ? Pour toi est-ce que d’autres formes d’Art ont pris le relai ?


Je ne suis pas au courant de ce qui se fait actuellement en musique, je me suis arrêtée aux années 70 je crois...plus sérieusement j' ai arrêté de m’intéresser aux nouveautés en 1994. alors je suis assez mal placée pour en parler. je regarde assez peu ce que font les autres, trop peu peut être. Je ne me suis jamais considérée comme une artiste, je n'aime pas ce mot, je le trouve présomptueux, et encore moins comme une critique d'art.

D'autres formes d' art peut être, je ne sais pas vraiment, il y a des gens qui font des choses qui me touchent, mais ils sont de plus en plus rares...

Finalement je me demande si l' art ultime ce n'est pas tout simplement les rapports humains. Réussir sa vie amoureuse par exemple: ça c' est un Art! le plus difficile certainement, mais c' est un réel achievement (je ne trouve plus le mot français: accomplissement?) être à l'écoute, échanger, découvrir, progresser, évoluer: voilà ce qui m'intéresse, et c'est assez nouveau pour moi.

Voilà ce que je considère comme un Art: un Art de vivre plutôt!




Cécile BI II


Après Eclectic, tu fais quoi ? On (pas de noms) dit que tu ne tiens pas en place, est-ce vrai ?

"on" dit vrai! Après Eclectic ça va déménager, au propre comme au figuré: Je vis, il me reste encore plein de choses à découvrir, d'autres continents, d'autres gens, d'autres modes de vie... Mes choix de vie, la musique et mes différents métiers m'ont empêché de voyager, c'est un grand regret...

Je ne suis pas une machine à crocheter, je suis une femme avant tout.

Je crois que j' ai enfin trouvé la sérénité, la vraie... Une certaine sorte de stabilité aussi. Vous n' êtes pas au bout de vos surprises, et je crois que tu es bien placé pour le savoir!






2012 est pour toi une excellente année, avec plein de choses qui arrivent, dont ce nouvel album, bien entendu. ‘L’avenir m’intéresse plus que le passé’, alors justement, comment l’envisages tu, ce fameux Avenir ?

A deux, ma plus grande révolution!




Copyright L'Illustration Musicale mai 2012 / Cécile Balladino - Brigade Internationale.


5 commentaires:

  1. Merci de m' avoir ouvert ton blog, des mots qui me tenaient à cœur depuis très longtemps...
    Une autre de mes facettes? Certainement: la vraie Cécile en toute intimité.

    RépondreSupprimer
  2. Excellent de revoir tout çà, 30 ans après que j'ai sorti la K7 :)

    Pour l'anecdote, mon chemin a rencontré celui de B.I. par HASARD.
    C'est normal que Cécile ne se rappelle plus comment çà s'est passé.
    J'ai croisé Bruno dans le métro parisien , en 1983, j'ai même retiré mon oreillette de walkman (cassette) pour lui parler, alors que j'étais assez réservé, en général!
    Je crois que je lui ai demandé ce qu'il écoutait, lui, ou un truc comme çà.
    il devait être assis dans la rame,sur le strapontin en face.
    Il m'a parlé de son groupe, on a échangé nos numéros de fixe (rien d'autre à l'époque), ils m'ont envoyé leurs démos et voilà !
    Une rencontre qui a changé ma vie...et la leur aussi !

    Midge Feld

    RépondreSupprimer
  3. Replongeant dans les 80's grâce (à cause?) de lectures récentes(l'autobiographie de Viv Albertine/le catalogue de l'expo Daho l'aime pop) j'émerge sur ce site et découvre tout, oui, TOUT ce qui concerne BI,35 ans après...
    A la fois touché et dépassé par ce que je découvre, je ne sais que dire.
    il s'agit en tout cas de mes meilleurs souvenirs avec la naissance de mes fils. J'entends par là, marquant à tout jamais
    comme quelque chose d'exceptionnel et d'intense.
    Heureux de vous savoir tous là.
    Bruno Vaugelade

    RépondreSupprimer
  4. 2021 et je tombe la dessus.....Putain le temps passe vite,très vite...

    RépondreSupprimer